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L’hôpital, ce grand malade

L’urgence est là, dehors ça gronde. L’ensemble des personnels de santé, commence à se manifester. Toute la FPH est dans un marasme jamais atteint. Le hashtag #balancetonhosto fait peur. Les suicides nombreux et trop répétés nous alertent. L’hôpital public est malade. Gravement malade.

La faute à quoi ? Je pense que la t2a (tarification à l’activité) y est pour beaucoup. Depuis la loi HPST de 2009 (hôpital, patient, santé, territoire), l’hôpital est géré comme une entreprise avec une course à la productivité qui ne peut pas être en adéquation avec la population accueillie à l’hôpital. La plupart des gens accueillis sont des malades chroniques et ils coutent chers au système de santé. La prédominance des maladies chroniques, ce sont les réalités sanitaires donc l’hôpital doit faire face.

De plus, depuis quelques années, le management des équipes a changé. On nous demande de la rentabilité immédiate, la standardisation des procédures de soins, a augmenter l’activité en diminuant les effectifs. Mais l’hôpital, ce n’est pas une usine ! Les soignants s’y sentent mal et le confort des patients en pâtit.

L’hôpital avec sa politique de rentabilité poussée à l’extrême n’attire plus. Les médecins ne veulent plus travailler à l’hôpital. De plus les actuels médecins vieillissent et vont partir à la retraite. Pour pallier cela, il a été prévu qu’ils prolongent leur activité jusqu’à 70 ans ! Face à cette pénurie, certains hôpitaux doivent faire appel à des intérimaires. Et tenez vous bien, il s’agit parfois de médecins hospitaliers qui ont préférés démissionner de leur poste pour devenir « vacataires » et sont payés deux voir trois fois plus qu’avant. On marche sur la tête !!

Sans réforme intelligente, on va dans le mur. L’hôpital doit accueillir de plus en plus de monde, les urgences en témoignent tous les jours mais avec des moyens qui baissent de jours en jours. Ce n’est pas tenable.

Ce qui m’agace le plus je pense en tant que soignante moi même, c’est le contraste entre les prouesses techniques, les avancés en matière de recherche donc la France peut être fière et pour lesquels elle brille à travers le monde et la politique au sein de l’hôpital où on ne peut pas s’occuper dignement de nos personnes âgées qui se retrouvent avec une douche par mois et deux changes par jour car cela coûte trop cher et le personnel n’a pas le temps.

Il me parait quand même de bon sens que les soins aux malades n’ont pas vocation a être rentable financièrement. Et je pense qu’on ne doit pas oublier non plus le devoir d’assistance qu’à l’hôpital au sein de la société. N’oublions pas que le malade est avant tout un être humain et non pas un numéro ou pire un porte monnaie.

11 réflexions au sujet de « L’hôpital, ce grand malade »

  1. Je pense tout comme toi que cette loi a marqué le tournant vers le début de la fin, et qu’il est EVIDENT qu’on ne peut demander à un hôpital de fonctionner comme une entreprise. Je ne sais même pas comment cette logique a pu germer dans la tête de quelqu’un. Je compatis à la souffrance des personnels et des malades.

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  2. C’est tout le système médical qui est malade !
    Dans mon département, les médecins ne veulent plus prendre de patients car ils ont trop de monde !
    il faut attendre fin juillet pour avoir un rendez-vous si ce n’est pas urgent ! Deux semaines pour une radio !
    Mon médecin vient d’arreter et ne trouve personne pour le remplacer des vocations !

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  3. J’ai ton article depuis bien longtemps qui traîne dans un de mes onglets et je suis bien d’accord avec toi. Ma soeur est infirmière, je suis prof. On croit (encore) dans le service publique. Mais il semblerait que nos politiques n’y croient plus et depuis longtemps et en première ligne c’est qui qui prend?
    Bref. Je suis de tout coeur avec vous

    Mathilde

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